Ruta San Martin


Après avoir participé à l’indépendance de l’Argentine, El Libertador traverse les Andes avec son armée.

Parti d’Uspallata, le corps d’armée met 19 jours jours pour rejoindre les indépendantistes chiliens menés par le Gal O’Higgins. Ensemble ils déferont à Chacabuco les loyalistes à la couronne d’Espagne. Le Chili libéré, les troupes de San Martin embarquent à Valparaiso et récidivent au Pérou. Et de trois !

Petite anecdote ; écœuré des manigances politiciennes des ses paires pour accaparer le pouvoir des nouveaux pays indépendants, San Martin s’exile en Europe et termine sa vie à Boulogne sur Mer où il est d’ailleurs enterré.

Nous prenons le chemin inverse de Valparaiso à Uspallata, sans faire escale à Santiago.

A peine à 150 km des plages du pacifique un obstacle de taille se dresse devant nous. La passe de Los Libertadores, une montée vertigineuse qui enchaîne vingt et une épingles à cheveux.

Curieux pays que le Chili qui s’étire sur plus de 4 000 km du nord au sud pour une largeur moyenne de seulement 180 Km !

Et nous voilà propulsé de 870 m aux pieds de la passe au cœur de la cordillère à Las Cuervas à 3 200 m où nous trouvons refuge chez Alicia et Jorge pour une nuit d’acclimatation à l’altitude.

Le dernier tunnel traversé, long de plus de 3 Km, marque en son milieu la frontière géographique entre le Chili et l’Argentine. Mais avant son inauguration en 1980, il fallait gravir la passe du Cristo Redentor (3 832 m) pour basculer d’un pays à l’autre. Tentons la.

Nous avons tenu le coup et Ural aussi, un exploit diriez-vous, relativisons certains l’ont affronté à dos de mules il y a deux siècles et d’autres l’affronte aujourd’hui à bicyclette avec remorque et bagages, chapeau Marco.

Redescendons dans notre vallée d’altitude pour rejoindre Puente Del Inca.

Nombreux pare avalanche, il faut dire que durant l’hiver austral, on y jauge plus de trois mètres de neige.

Le site de Puente Del Inca à l’aspect d’île flottante est connu pour ses sources chaudes chargées en minéraux. Il nous permet d’agréablement patienter une journée avant que le ciel ne se dégage.

L’arche est une formation géologique unique, il s’agit d’un pont de glace pétrifié par les sources.

Une pétrification devenue attraction touristique puisque de nos jours on y trouve toutes sortes d’objets souvenir pétrifiés (de la brosse à dent, à la chaussure en passant par la casserole!).

Ce matin le ciel est dégagé nous pouvons allé saluer le seigneur Aconcagua dominant les Amériques (6 962 m).

Et un bonheur n’arrivant jamais seul « El condor passa »

Le rapace géant veille sur l’âme des alpinistes que l’Aconcagua ne laissera jamais repartir.

En hommage, chaque tombe se pare des équipements du défunt (corde, piolet, gourde, brodequins, etc…).

La vallée suit le lit du rio Mendoza et nous mène en pente douce sur une centaine de kilomètres, à une altitude bien plus raisonnable, aux portes d’Uspallata (2 000 m).

Nous y prenons nos quartiers, et en fin d’après midi allons divaguer alentours

jusqu’à la colline des sept couleurs.

Il ne nous aura fallu que deux jours et demi pour faire le même chemin que San Martin tout en flânant !!!

L’histoire de cette passe ne s’arrête pas là (petit complément historique pour Nicolas).

En 1910 y est inaugurée la première ligne de chemin de fer transandine (travaux débutés en 1891). Partant de Buenos Aires via Neuquen et Mendoza, la voie ferrée emprunte la vallée d’altitude à grand renfort de ponts métalliques et tunnels (une prouesse technologique pour l’époque réalisée dans des conditions climatiques épouvantables) pour rejoindre Santiago et Valparaiso.

Une dernier tunnel de 5 km amenait les convois jusqu’à une altitude de 3 140 m pour franchir le col du Cristo Redentor.

L’Atlantique et le Pacifique étaient désormais reliés pour les besoins des exploitations minières de cuivre.

Mais dès 1914, l’ouverture du canal de Panama remet en question la rentabilité de la ligne qui réussira néanmoins à perdurer malgré  de nombreux éboulements jusque dans les années 80.

En 1916, Eduardo Bradley et le capitaine Angel Maria Zuloaga suivent le même chemin pour la première traversée aérienne des Andes en aérostat.

C’est aussi par cette vallée qu’en 1921 Adrienne Bolland y réalise la première traversée en plus lourd que l’air grâce à son Gaudron G3 (bois et toile, plafond 4000 m, autonomie 4 heures) dans le sens Mendoza Santiago.

Enfin l’épopée de l’aéropostale, et de « l’ange de la cordière » Guillaumet qui réalisera 393 fois cette traversée dès 1922.

Pourtant sa 22 iéme traversée faillit lui être fatale, porté disparu après un crash dû à une tempête de neige près de la laguna del diamente. Après 7 jours d’errance dans la neige et sans nourriture, il croise le chemin d’un jeune berger qui le ramène à la civilisation.

Il dira à son ami Saint Exupéry venu à sa rencontre « Ce que j’ai fait aucun animal ne l’aurait fait » (Cf Terre des hommes).

A la fonte des neiges une expédition récupère le courrier qui sera finalement distribué avec la mention « Retard dû au service ».

Après ces exploits techniques et humains qui oserait encore parler  aujourd’hui “d’aventure” dans cette région du monde ?

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