Aparté bras oscillant


Hier, sur la route, le chauffeur d’une voiture qui venait de nous doubler nous apostrophe au rond point suivant.

Lui : « He, ta roue arrière n’est pas dans le même plan que celui de la roue avant »

Nous : « Ok et merci de prendre la peine de nous avertir »

Lui : « Normal entre motards »

Toute la nuit n’est qu’un cauchemar continu où le cadre, la fourche et le bras oscillant se métamorphosent en montres molles de Dali.

Dès le matin, le side-car est placé sur une chape rigoureusement plane et, réglet en main, nous relevons les quottes droite/gauche sur 5 axes de référence le plus précisément possible.

  • D33,4 axe de roue avant G33,4 delta 0mm
  • D32,5 axe attache moteur avant G32,4 delta -1mm à droite
  • D30,8 axe attache moteur arrière G30,6 delta -2 mm à droite
  • D41,8 axe attache bras oscillant G41,8 delta 0 mm
  • D33,9 axe roue arrière G32,6 delta -13 mm à droite

Compte tenu de ces mesures, la conclusion serait : bras oscillant faussé. Confirmation via les forums. Changer un bras oscillant mous effraie moins (coût, travaux et délais) que de devoir changer un cadre.

En parallèle nous tentons d’obtenir, auprès de l’importateur autrichien, les quottes et tolérances relatives à la géométrie du cadre pour effectuer un check-up complet.

Malheureusement la réponse de Hari qui s’est démené pour obtenir l’information de l’usine tombe :

Hello Alain, I asked in the Ural factory again.
I am sorry to confirm again, that Ural is not publishing the dimensions of frames.
So we cannot help you.
Best regards
Hari Schwaighofer
Ural Motorcycles GmbH

Bon, bien, on va se débrouiller, le bras oscillant est alors démonté et placé sur le marbre maison (table de la cuisine). C’est sans appel les deux branches affichent bien un écart de 13 mm en torsion verticale. Certainement un reliquat de l’accident de 2013 passé inaperçu lors de la restauration ( ∞ CF Eureka ∞ ).

Aucune trace de peinture écaillée n’aurait pu laisser supposer qu’il était faussé. D’autre part, le side-car se comporte tout à fait normalement (il tire droit).

C’est du solide URAL quelque soient les circonstances, il avance correctement.

Comme seule l’extrémité des branches est en fonte nous allons voir s’il est possible de redresser le U en acier dans une forge.

Encore faut-il trouver la bonne start-up avec ses entrepreneurs surdiplômés en CoWorking qui grâce à un concept de folie nous promettent un avenir meilleur. Et que le Fab Lab soit équipé de machines high-tech capables de virtualiser la structure moléculaire de l’acier pour en apprécier la résistance ou l’élasticité.

Après y a plus qu’à.

Tout ça fait immédiatement en moins de 10 minutes. Bravo Messieurs. Demain nous apportons tout ce qu’il faut pour le casse croute de la pause de 10 heures.

Le flector a également bien souffert, alors on le change.

C’est pas fini, le croisillon a également mangé. Il présente des points durs dans les deux axes,  on change aussi. Ne compter pas faire l’opération sur un bord de route, disqueuse et presse à 900 kg nécessaire.

Pas encore parti que nous cannibalisons notre lot de bord.

On remonte tout et …. impossible de repotionner l’axe de roue.

Si le bras oscillant est parfaitement plan sur son axe horizontal, ce n’est pas le cas de la patte de fixation du pont sur le plan vertical.

Donc on re-démonte tout et on recommence. (on apprend mais que c’est laborieux !).

Cette fois le bras oscillant est conforme dans les trois plans. Ainsi replacé sur la machine, l’axe de roue trouve naturellement sa place sans forcer car parfaitement à l’horizontal (33,3 mm des deux cotés)

La roue arrière à nouveau perpendiculaire au sol s’aligne dans le plan de la roue avant.

Imaginez qu’avec presque 3° d’inclinaison de l’axe de roue arrière, l’écart d’alignement entre roues AV/AR atteignait quasiment un demi pneu (4 à 5 cm).

Ouf résolu à bon compte, nous en sommes quittes pour un bonne frayeur (et un peu de travail).

Vive l’acier

Pour clore cette mésaventure, on peut dire que sur une Ural y a rien à jeter, tout se répare, la preuve.

Et fort de ce postula nous contactons Ural France en ces termes au sujet de la réponse de l’importateur :

Personnellement, (et ça n’engage que nous), nous trouvons cette rétention d’information dommageable.

Compte tenu de l’emploi que nous comptons faire du side-car, le moindre accident impactant sa géométrie ne pourra être sérieusement corrigé au cours du voyage. Alors que l’expérience que nous venons de vivre avec le bras oscillant démontre les qualités de l’acier à pouvoir retrouver sa géométrie d’origine.

Ne pourrait-on pas reformuler cette demande au nom de l’association ?

Il se pourrait alors que le constructeur infléchisse sa position, d’autre part ces informations pourraient servir à tous, concessionnaires, experts des assurances, utilisateurs un peu spéciaux, etc.

Et bien, il se trouve qu’un groupe d’Uralistes part, cet été, par la route de France pour l’usine d’Irbit. Un pèlerinage appelé l’aventure partagée, à renfort de vodka ils tenteront d’obtenir les précieuses quottes auprès de Vladimir (le directeur).

Merci d’avance à eux

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