Un plat pays !


Nous quittons notre refuge de Puenta del Diablo et la côte atlantique pour nous enfoncer dans les plaines du nord.

Avant, un peu d’histoire avec un des trop rares monuments mis en valeur et la visite de la forteresse côtière de Santa Thérésa.

Puis direction le lac Merin, la deuxième plus grande retenue d’eau douce d’Amérique latine après le lac Titicaca. L’objectif du jour, le petit port de Charqueada, mais, dès les premiers kilomètres sur les routes secondaires qui sont en réalité des pistes….

Après de nombreux itinéraires alternatifs, tous traversant une zone inondée, nous n’atteindrons jamais notre destination.

Ce n’est qu’à la nuit tombée que nous sommes obligés à nous résoudre à faire du camping sauvage dans les environs de Punta Cebollati, sur la rive de ce fameux lac, faute de trouver âme qui vive et à fortiori un hébergement.

Les péripéties de cette journée occuperont dans nos souvenirs une place majeure au regard du peu d’intérêt que revêt le site.

Pour nous exfiltrer de cette région inondée, nous entamons un détour sur Trenta y Treste espérant rejoindre une route principale praticable.

De là nous gagnons le parc naturel de Quebrada de los Cuervos. A notre plus grand étonnement nous trouvons porte close alors que nous sommes en haute saison (vacances d’été). Mais ça, nous ne l’apprenons qu’après avoir galéré sur 24 km de piste boueuse. Comme s’il ne pouvait pas l’indiquer directement au panneau indicateur à la bifurcation de la route nationale et de la piste !

Nous remontons alors jusqu’au nord est du pays à Melo puis Tacuarembo, deux villes moyennes qui confinent intra-muros l’activité humaine de la région (déplacements locaux en petites cylindrées).

Car en dehors, routes inter-citées quasi désertes, paysages uniformes dans une succession infinie de pâturages et de clôtures.

Une terre monopole des ruminants, vaches, moutons et chevaux où les rares hommes, les gauchos n’ont de place que monté, béret vissé sur la tête, cravache à la main, selle en peau de mouton et suivi de leur inséparable chien de berger.

Le gaucho à l’image populaire et quasi folklorique, synonyme de liberté, de grand espace et de vie en symbiose avec la nature, mène en réalité une existence rude et quasi miséreuse digne de celle d’un ouvrier agricole journalier du début du XX siècle, à l’instar de cet homme que nous avons croisé dans sa carriole moribonde attelée à deux chevaux. Par pudeur et respect nous n’avons même pas songé à dégainer l’appareil photo. L’illustration suivante reste bien plus parlante.

En revanche, nous immortaliserons volontiers notre rencontre avec Igor un cycliste russe,

à qui nous offrons,  pain, orange, gâteau et eau, tout comme nous avions bénéficié de la bonté de ceux qui nous avaient ravitaillés lors de notre périple à vélo au Sahara occidental.

Aujourd’hui, nous allons enfin faire connaissance avec les rives du Rio Negro au village de San Gregorio de Polanco.

Un lieu non seulement dynamisé par des infrastructures de loisir (plages, camping, guest house) accessibles à la classe moyenne uruguayenne, mais aussi par une initiative originale où quelques artistes ont transformé les façades des bâtisses du bourg en un musée à ciel ouvert.

Nous logeons dans un « hostel » aux charmes (comprenez confort) surannés de la fin du 19 ième nous offrant la possibilité de nous affranchir de la cuisine « lipidineuse » et indigeste à souhait des restaurants locaux.

Et puis, il y a aussi le bac par lequel nous pensions arriver directement de Treinta y Tres via la routa 19. Une route inondée sur plusieurs tronçons après un seul orage qui nous vaudra un détours de 300 km via les villes de Melo et Tacuarembo précitées.

Alors juste pour le plaisir nous faisons l’aller/retour pour affirmer que nous avons bien traversé le rio Negro.

Pour comprendre la formation de plages sablonneuses dans les méandres de cette rivière majeure il faut descendre jusqu’à Passos de Los Toros, là où un barrage entrave son cours.

Ses eaux relâchées à grands fracas finiront par se jeter dans le rio Uruguay matérialisant la frontière naturelle avec l’Argentine

Confiants, puisqu’il n’y a eu aucune précipitation depuis 3 jours, nous faisons abstraction de nos déboires précédents et réempruntons le remarquable réseau routier secondaire pour poursuivre notre route plein ouest.

Toujours les mêmes pâturages, auxquels s’ajoutent d’immenses forêts d’eucalyptus destinés à la pâte à papier et des plantations de céréales essentiellement du maïs.

Néanmoins, pour ponctuer cette journée de liaison, quelques détails nous extraient de cette monotonie.

Un réseau ferré présent mais inusité car en cours de réhabilitation depuis plus d’une décennie.

Une faune riche, surtout ornithologique, qui s’épanouit dans ces espaces vierges de toute urbanisation.

Quelques rares reliefs qui donnent aux plaines un air de paysage.

Les témoins des grandes dynasties de propriétaires terriens qui naissent et meurent au cœur même de leur estancias.

Le spectacle bucolique de deux chevaux qui s’ébrouent dans une mare qui aura eu la délicatesse de ne pas débordée et obstruée la piste.

 

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