Sans Direction Fixe


Nous récupérons notre Ural, flambant neuf.

Une grand « Muito Obrigado » au staff Zemarks José, Jorge et « O Doutor, » sans oublier Hari l’importateur autrichien pour la livraison express des pièces détachées (pompe à huile, embiellage complet, pistons, cylindres, roulements et joints).

On raccroche les sacoches, sangle les sacs, enfile blouson, casque et gants, un coup de démarreur, première …

Si sur le plan mécanique tout est rentré dans l’ordre, sur le plan administratif aucun transitaire local nous propose de solution pour rejoindre l’Uruguay.

Sur la dizaine de contacts que nous avons eu, certains affirment qu’il est impossible d’importer, même temporairement, de véhicule en Amérique du sud, d’autres assurent vous rappeler dès le lendemain, puis brillent par leur silence même après relances, et enfin un seul présente un devis exorbitant.

Trouver un nouveau shipping à la volée semble compromis sur Lisbonne.

Dans l’attente de prospections lancées sur le Net, nous décidons de poursuivre notre chemin dès la fin du week-end, notre location touchant à sa fin, et puis il faut aussi avouer que les démons de la route nous titillent.

Le side-car sera entreposé pour 48 h en plein centre historique, dans un garage aimablement et solidairement mis à disposition par BOOST un loueur d’engins à trois roues génétiquement transformés,

et de coccinelles bigarrées.

C’est dire si Ural y était à son aise.

Merci les gars, sans un coup de main spontané comme le vôtre, le voyage improvisé deviendrait rapidement une grosse galère voire impossible.

En ce dimanche 16 décembre, après un mois de sédentarisation, nous traversons, le nez au vent, le pont du 25 avril pour une dernière révérence au Chisto Rei.

Le nez au vent certes, mais le moteur en rodage ne nous laissera guère le loisir de dépasser les 60 km/h sur les 1000 prochains kilomètres.

Direction Setubal, pour ironie du sort, prendre un bac.

Occupons l’attente d’une demi heure pour l’embarquement, par un déjeuner sur les quais.

Puis hissons les voiles pour la traversée « au long court » du Rio Sado.

20 minutes pas plus, n’en fait pas trop Marcelle !

En fin de journée, pour l’étape du jour à Vila Nova De Milfontes, nous relativisons nos déboires de voyageurs.

En effet, du 7 avril au 20 juin 1924, un Breguet, dénommé Patria, tente de relier ce petit village portugais à Macau.

Mais vers Jodhpur (Inde) sur une casse moteur l’équipage change d’avion pour un De Havilland baptisé Patria II et poursuit sa route.

Proche du but, pris dans un violent typhon l’appareil s’abîme dans les environs de Hong Kong. L’exploit sera néanmoins homologué puisque Macau aura bel et bien était survolé.

Les deux pilotes et le mécanicien sains et saufs, rejoindront quant à eux, la colonie portugaise en bateau.

Le voyage est un long fleuve presque tranquille !

L’aiguille de la boussole ostensiblement pointée au sud, le trajet côtier nous offre toute une palette de ciel, de sable et d’océan.

Un océan impétueux et narquois qui se refuse à nous faciliter le passage,

en nous oppose de nombreux écueils.

Vexés, répliquons lui par une raillerie.

Connaissez-vous le surf-casting ?

D’abord on choisit minutieusement son spot, on observe le curl de la wave et on attend un vent offshore.

Au take off, un simple off the leep sur la gauche tout en lançant sa ligne, s’asseoir et attendre que ça morde en évitant le wipeout. Une figure rare en World Surf League.

C’est sur la petite plage d’Odeceixe, que Tracey et Miles, un couple de canadiens nous interpelle.

C’est à vous l’Ural ?

Oui, vous connaissez ?

Of Course, en 2012 nous avons sillonné la transaméricaine en Gear-Up.

Quelle probabilité y avait-il de rencontrer un autre couple de voyageurs en Ural sur cette plage désertée en décembre ?

La lecture de leur site Smiles & Miles nous apportera, à n’en pas douter, de précieux renseignements.

Cette faculté qu’a le hasard à nous surprendre agréablement, nous laisse à penser que nos souhaits de transatlantique aboutiront, d’autant que de surcroît nous l’avons un tantinet forcé.

Allez haut les cœurs tout vient à point à qui sait attendre.

Et puis cette attente au soleil, à la découverte de villages et paysages bucoliques n’est pas franchement si désagréable.

A force de descendre au sud, on atteint fatalement le bout du bout de l’Europe le « cabo » de Sao Vicente.

Plus le choix maintenant, plein Est, en attendant notre 180° pour l’Ouest.

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