Ce petit village du Morbihan, de seulement 698 âmes, accueille depuis 40 ans le pèlerinage du pardon des motards sous l’impulsion de feu l’abbé Prévoteau, JY Morel et P Bégasse.
Autant arriver en milieu d’après midi pour poser ses roues et s’installer tranquillement au camp de toile.
Car il a tendance a se remplir vite, très vite même, jusqu’à saturation.
Pendant que la déferlante se déverse non stop à la recherche d’un emplacement, il est l’heure d’assister aux Vêpres durant lesquelles une trop longue énumération nous rappelle la vulnérabilité du motard face à lui même et à son environnement.
Une réalité pudiquement exprimée dans les témoignages de condoléances de l’oratoire qui résonnent silencieusement à nos consciences.
Ce recueillement à la lisière de l’introspection, nous conduit, en ce début de soirée, jusqu’à la grotte de Fatima, pour la procession aux flambeaux.
Les âmes y trouvent le réconfort dans la foi. Au delà du spirituel, il émane de la foule communiante, une lucidité collective, bien plus efficiente que n’importe quelle campagne choc de la sécurité routière.
Une lueur dans l’esprit de chacun, que matérialise chaque flambeau déposée aux pieds de La Madone comme autant de phares rappelant à la prudence et l’humilité.
Sans mettre en doute sa sincérité de dévot, le motard se doit de cultiver aussi son image rebelle. Et celle-ci passe, sans transition, par un concert hard rock où deux groupes aux noms évocateurs « No Class » et « Heatseeker » interpréteront du MOTÖRHEAD et ACDC.
Bien plus tard, la nuit fut plus encore, chaotique, car même si la décence nous aura épargné les wheelings et autres burns, les ruptures restent au programme du « gratin » des motards !
Et voilà ce que ça donne entre 19 heures et 5 heures du matin (pour toi seulement 20 petites secondes)
Par curiosité, il est intéressant de faire un profilage des individus en question. Mais aussi bizarrement que cela puisse paraître, il n’y a pas de profil type mais plutôt une machine type. Le cocktail désinhibiteur effet de masse et/ou alcool suffit au quidam qui possède une 150 cv à 15 000 t/mn greffée à des pots d’échappement très spéciaux.
La Madone leur pardonnera, nous plus difficilement.
En milieu festif, le respect du culte, d’autrui et de la mécanique ne semble plus être de mise pour une partie de la communauté.
A présent nous comprenons beaucoup mieux le concept des hivernales bien plus intimistes et climatiquement sélectives.
Au petit matin, même podium mais à la sonorité plus sobre et aux paroles plus apaisantes des évangiles pour la grand messe de la célébration du pardon.
Et aussi, l’occasion pour le public de saluer la qualité de l’organisation titanesque de cet invraisemblable pèlerinage à vivre au moins une fois.
Au presque 10 000 engins arrivés la veille, près de 10 000 autres affluent depuis les aurores. Et tout ce petit monde, canalisé in fine sur quatre colonnes, se dirige vers l’étape ultime “la bénédiction”.
Nous patienterons bien trois bonnes heures avant de réussir à nous insérer dans le flot. Une demie heure supplémentaire de poussette plus tard (pour éviter la surchauffe, refroidissement moteur par air oblige) et nous voilà en vue des prêtres.
Allez, en route vers notre bénédiction.
Souviens toi, sois prudent
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