Nos premières quarante-huit heures motorisées en Argentine nous réservent une extraordinaire surprise.
A peine débarqués à Buenos Aires, que nous avons déjà arpenté durant une semaine, nous prenons la direction de La Plata le long de la côte de l’Atlantique Sud.
Ici l’autoroute devient route, puis à Magdalena la RP11 se fait piste.
Là, au milieu de nulle part, débutera demain les jeux Gauchos locaux qui ne se déroulent qu’une fois l’an. On attend près de mille participants et spectateurs.
Spontanément les organisateurs nous invitent à vivre l’événement y compris les préparatifs. Nous camperons donc sur place ce soir avec nos hôtes.
Dès le milieu d’après midi, un bœuf et cinq moutons sont abattus, débités grossièrement et embrochés sur des fers à béton. Ce travail de titan se prolonge jusqu’à la nuit tombée et les femmes ravitaillent en galettes et boissons fraîches leurs hommes.
Le feu lancé crépite déjà, et il est temps de dîner des pièces de choix que le staff s’est réservé. On parlabre, on boit de la Gancia, on dévore des kilos de viande sur une tranche de pain, on chante, on boit à nouveau du blanc limé pour changer, on remange de la viande, on joue au Trucho (jeux de cartes), on re-remange de la viande, on fatigue un peu, alors on déplace pour la nuit les broches hors de portée des chiens errants, on se dit bonsoir et on va se coucher à la lueur des braises.
Au chant du coq (5 heures), les plus matinaux ravivent le feu de la veille en un immense brasier et disposent les pièces de viande en périphérie. Au dernier moment on ajoute les chorizos, Marcelle fille de boucher prête main forte. L’Asado géant est en place et sera à point vers 13 heures pour le public.
Dès 7 h, à leur arrivée, veaux, vaches et chevaux sont parqués en enclos.
La sonorisation et l’orchestre prennent possession du mirador sous lequel nous avions campé. Des camelots installent leur stands d’équipements, harnais, ceintures, bérêts, foulards, éperons, couteaux, bottes, etc…
Le public fait son apparition une heure plus tard et s’installe sur le périmètre clôturé du stade rectangulaire d’au moins trois hectares.
Tous se connaissent, se saluent et s’embrassent (une seule bise).
Grands et moins grands arborent fièrement leur habits communs ou d’apparat.
Les hommes portent, dans le dos, leur poignard glissé de biais sous une large ceinture de cuir, qu’ils soient à pied ou en selle
9 heures, les jeux traditionnels débutent et suivent un rituel immuable.
La cérémonie d’ouverture et la parade montée.
La prise de veau au lasso, préfigurant les séances de capture pour le marquage des jeunes bovins.
Le rodéo symbole de la maîtrise de l’étape de débourrage avant dressage. Le cavalier doit tenir 15 secondes et est récupéré d’une manière spectaculaire par deux coéquipiers s’il n’a pas été désarçonné avant.
Vers 13 heures interlude gastronomique, l’asado s’arrache par portion minimum d’un kilo.
Repus, on reprend par la course en ligne où, dans chaque duel, les protagonistes expriment leur dextérité de cavalier.
Dans le second duel, la jeune fille, qui d’ailleurs l’emporte, n’a guère plus d’une dizaine d’années.
Pas farouche la gamine ! Tout comme Ariel qui n’hésite pas un seul instant à enfourcher la selle d’un animal à trois pattes.
A la fin des festivités, ne croyez pas que tout le monde repart à cheval, nous sommes en 2019 !
Les animaux s’en retournent comme ils sont venus en bétaillère ou van.
Et les hommes en pick-up.
Le gaucho argentin est assurément mieux loti que son homologue uruguayen.
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