San Pedro de Atacama, la mythique, n’est plus qu’un repère à bobos où l’on « brade » du « roots de luxe » jusqu’à 200 $ la nuit.
La calle Caracoles aligne, tours opérateurs, bars branchés et hôtels huppés. Il semblerait que cette surenchère attise l’égo d’un tourisme élitiste qui par orgueil n’avouera pas sa déconvenue au regard du budget gargantuesque consacré à un site surfait.
Mais ça on ne le comprend qu’après.
Allez en route pour la laguana Chaxa, un « éco-site » sponsorisé par l’usine de lithium d’à côté, premier exportateur mondial, gérée par un opérateur allemand visionnaire et heureux, la tonne de minerai étant passé de 350 € en 2003 à plus de 9 000 € de nos jours.
Un circuit balisé sur le salar nous explique les mécanismes d’un écosystème plurimillénaire.
La formation des concrétions de sel,
parsemées de trous d’eau où se développent du phytoplancton dont se nourrissent des micro crevettes,
elles mêmes repas préféré des « flamingo », qu’il faut shooter au 600 mm, tout là bas.
En revanche, rien sur l’impact de l’extraction du carbonate de lithium (pompage, chlore et calcination) ou si la couleur rosée des volatiles ne serait pas due à une surtension liée à un régime trop salé 😊
Pensons à notre propre panse.
Invités par Edwige & Nicolas au « foodtruc » PacePartout, nous déjeunerons avec toute la marmaille (Marcelin, Aliénor et Eulalie).
Merci et bon voyage les Pacepartout !
Le lendemain balade dans la vallée de la mort au nom évocateur et irrésistible.
Au trois quarts de la piste sablonneuse Ural décide de s’enliser jusqu’au châssis, extrait à l’aide de grand renfort il trônera sur place pendant que nous continuons à pied.
Mais c’est au retour que s’ouvre la porte des enfers au coucher du soleil.
Et le Styx inonde de ses eaux pourpres le Licancabur.
Au troisième jour ou plutôt à la troisième nuit puisqu’il faut partir dès quatre heures du matin, ce sera les Geysers El Tatio. Deux heures de routes sur les pistes pour atteindre le site au lever du soleil. Seul moment de la journée où les geysers s’activent sous l’action de l’amplitude thermique entre la fraîcheur matinale franchement négative et les eaux bouillonnantes des profondeurs.
De bien belles images, mais si l’on prend du recul ces pauvres geysers ont bien du mal à crachouiller au-delà d’un mètre. Le spectacle mérite t-il vraiment le déplacement de ordes de touristes dans une myriade de minibus ?
Le retour de jour nous laisse un bien meilleur souvenir à arpenter des quebradas anonymes.
et y dénicher le renard gris.
Il nous aura fallu près de 60 ans pour assimiler que Zorro signifie renard en espagnol !
Allez adieu l’Atacama,
Et direction Calama.
Dès 16 heures, décalage horaire oblige, nous voilà rivés à l’écran de l’ordinateur pour suivre la retransmission en directe (du Chili via un site pirate Russe) de la finale de la Coupe de France Rennes VS Paris Saint Germain.
Et pour fêter « chauvinement » la victoire du stade rennais, soirée crêpes.
L’alibi majeur de notre détour sur Calama reste la visite de la mine de Chuquicamata, la plus grande mine à ciel ouvert au monde.
Une mine de cuivre laissant un trou béant de 5 km de diamètre sur près de mille mètres de profondeur. Au delà il n’est plus possible de creuser alors dès l’an prochain son exploitation deviendra souterraine pour y extraire le minerai sur mille mètres supplémentaires de profondeur.
A chaque rotation les « petits » camions remontent entre 250 à 300 tonnes de minerai.
La mine sera nationalisée en 1971 par Salvador Allende après son élection, à la demande du CHE restée vaine depuis sa visite en 1952 et sa découverte des conditions inhumaines d’exploitation des indigènes Auraco ou Aymara par un consortium américain depuis 1915.
En 2007, la ville de Chuquicamata, 25 000 habitants, sera totalement et définitivement évacuée à cause de la pollution de l’air par des particules soufrées et la contamination de l’eau due au process d’extraction, d’enrichissement et d’affinage du cuivre.
Logements, théâtre, stade, écoles, places, etc .., tout reste figé en l’état dans cette ville minière fantôme.
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