Nous remontons le temps de près de 250 millions d’années jusqu’à l’ère des grands reptiles.
Paradis des géologues et paléontologues, le parc de Ischigualasto nous replonge à une époque où le mammifère se faisait « tout petit ».
Comme décor des formations géologiques extravagantes aux noms métaphoriques, champs de boules, champignon ou sous-marin, alchimie de l’érosion et des vents, que l’on découvre ébahi tout au long d’un circuit d’une quarantaine de kilomètres.
Avant de retrouver la « Ruta 40 » nous faisons la halte du soir à Los Baldecitos, un hameau de guère plus de 200 âmes, à l’auberge providentielle de Leandra.
Et la re voilà cette « Ruta 40 » à Chilecito qui nous accueille à bras ouverts avec son « Cristo del Portezuelo ».
Une ancienne ville minière d’où une compagnie britannique exploitait or, argent, cuivre et plomb.
Seulement voilà, la ville se trouve à 1070 m alors que les gisements culminent à 4600 m.
Qu’à cela ne tienne, les représentants de sa gracieuse majesté, firent construire, à dos de mules, le plus long téléphérique minier jamais mis en service, plus de 35 km.
Inauguré en 1905, pas moins de sept stations intermédiaires (pour retendre le câble) permettent aux 450 wagonnets, transportant chacun 500 kg de minerai, de dévaler les 3600 m de dénivelé.
Mais, la grande guerre épuise les finances du royaume uni, qui se désengage du « câble-carril ». Cette défaillance aboutit progressivement à la fermeture définitive de la mine en 1926 ainsi que celle de la voie ferrée transportant le minerai jusqu’à Mendoza.
Célébrons la « Ruta 40 » en direction de Belen au kilomètre 4040, on ne peut plus symbolique.
Mais que signifie ce bornage sur la « Transargentine ». Le kilomètre zéro part d’Ushuaïa pour arriver au kilomètre 5 117 à la frontière bolivienne. Ceci dit son parcours a été artificiellement, maintes fois, rallongé par des détours pour continuer à détenir le titre de : plus longue route du monde.
A l’étape de Belen, il nous aura fallu accumuler plus de 10 000 km en side-car pour comprendre l’intérêt d’une ceinture lombaire soulageant des longues heures de conduite dont au moins un tiers sur piste. Le métier de motard rentre petit à petit.
Aujourd’hui direction la cité des Quilmes.
Fuyant les Incas, l’ethnie Quilmes quitte le Chili, traverse la cordillère et fonde la citée au XI siècle.
Ils pactisent avec les communautés locales et prospère jusqu’à devenir la plus grande ville préhispanique comptant jusqu’à 5000 habitants.
Mais le conquistador ne l’entend pas ainsi, après 130 ans de résistance, la ville tombe en 1667. La moitié de la population est décimée lors des combats et l’autre moitié déportée à plus de 1200 km jusque dans le sud de Buenos Aires.
Moins d’un millier d’esclaves atteint leur lieu de déportation qui au début du XIX deviendra la ville de Quilmes (aujourd’hui 240 000 habitants).
Paradoxalement il faudra attendre presque un siècle de plus pour que la cité originelle abandonnée et oubliée soit redécouverte.
Ce n’est qu’en 2007 que la poignée de descendants Quilmes obtient juridiquement le droit d’exploiter la cité de leurs ancêtres s’appuyant sur une ordonnance royale de 1716 stipulant la restitution des terres aux indigènes du Tucuman.
En matière de justice il faut être patient ou un peu plus démocrate.
De la patience, il en faut aussi au « Cardone » qui ne pousse que d’un centimètre par an.
Celui-ci mesurant bien six mètres, aura connu l’apogée de la cité des Quilmes. Quel serait aujourd’hui le visage de l’Amérique du sud sans la colonisation et l’épuration espagnole ou portugaise ?
Le Lama, quant à lui n’a qu’une durée de vie de 20 à 25 ans et procure lait, viande et laine ou sert d’animal de bat aux Quilmes d’hier comme à ceux d’aujourd’hui.
Quoique la nouvelle génération semble se contenter de grimacer au passage des touristes.
Enfin par le hasard de la création d’une brasserie par un industriel allemand à Quilmes, la bière du même nom truste aujourd’hui 75 % de la consommation argentine et sponsorise les plus grands clubs de foot dont Boca Junior.
Tant que nous sommes dans la boisson alcoolisée, parlons des vins argentins. Le terroir de Mendoza à Cafayate concentre les vignobles les plus prestigieux.
Un vignoble d’altitude qui s’épanouit dans l’amplitude thermique et le soleil des contreforts andins.
Pour l’heure, à Cafayate, nous passons une agréable fin d’après midi à partager le mate à l’invitation d’Alicia et Antonio qui nous conseillent judicieusement sur les visites alentours et la gastronomie.
Alors on s’exécute et dès le lendemain matin, aller retour à la « Quebrada de Las Conchas » pour dénicher « l’Amphitheatro et la Garganta del diablo »
Et au dîner dégustation d’une épaule de cabri grillée et d’une glace au Malbec.
Ce matin nous partons pour 167 km de piste dans l’espoir d’atteindre Cachi.
A mi parcourt nous rencontrons Mathieu, Laure-Anne et Rose à la « Quebrada de Las Flechas » que nous retrouvons pour le déjeuner à l’hacienda de « Los Molinos ».
Sans jamais avoir pu passer la quatrième, nous atteignons à 30 km/h de moyenne l’auberge municipale de Cachi.
Dure journée pour les bras et les voies respiratoires, compensée par un délicieux repas gastronomique arrosée d’une bière brune Salta negra, d’un noir d’encre, dont les effluves atténueront les trépidations du début d’après midi.
Nouvelle rencontre et nouveaux conseils avec Jose formateur en tourisme à Cachi et plus rare pour un argentin, francophone.
Pour 100 km de piste supplémentaire nous filons jusqu’à La Poma (3 000m) en longeant le rio Calchequi.
En cette saison un gué infranchissable obstrue la piste qui, soit bifurque sur le Chili, soit se prolonge de 560 km jusqu’à la frontière bolivienne et constitue les derniers kilomètres de la « Ruta 40 ».
Rebroussant chemin nous faisons halte au « Puenta Del Daiblo ».
Après une descente vertigineuse sur un sentier, nous ne pourrons malheureusement passer sous l’arche noyée par le cours d’eau pour admirer les concrétions. La remontée fut rude !
Puis aux « Graneros » d’anciens greniers à céréales Inca
Pour enfin arpenter les cultures de piments typiques de la région.
Merci de vos conseils Amigos.
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