Pour atteindre le Graal des motards « la ruta 40 » tu affronteras le vent de face.
Pour l’heure, nous ne faisons qu’un saut de puce jusqu’à Puenta India où Julia et Daniel nous accueillent chaleureusement dans l’une de leur cabanas.
Une étape raffinée avec thé et mignardises maison de bienvenue, à l’opposé de la suivante dans un camping des plus sordides et crasseux de Villa Gessel, tous les aléas du voyage !
Le temps se dégrade le long de la côte de l’atlantique sud. Il nous contraint à une étape de deux nuits sur Necochea qui d’ailleurs prend des allures de ville balnéaire fantôme.
Peu après, en dépassant Tres Arroyos nous empruntons la ruta 3, qui descend jusqu’à Ushuaïa, et la quittons rapidement à Bahia Blanca pour filer plein ouest.
La casse moteur et la recherche d’un nouveau transitaire nous ayant retardé de près de deux mois, nous estimons être trop tard dans la saison pour prétendre atteindre la partie australe de l’Argentine et du Chili dans des conditions climatiques raisonables. Adieu, le détroit de Magellan, Ushuaïa, les pingouins, Punta Arenas, le parc Torres del Paine, le Fitzroy, Puerto Natales, etc…
Mais qui dit, prendre la tangente, ne dit pas avancer bien plus vite.
Un vent d’ouest nous éprouve tout au long de la traversée des plaines de la Pampa.
L’expression populaire « dans la pampa » prend ici sa dimension vivante ; sur près de 600 km aucun relief, à perte de vue, pâturages, champs « obliques » de maïs, tournesol et plumeaux blancs (herbes de la pampa), aucun virage et presque aucune âme qui vive.
Rien ne peut faire fléchir ce vent d’ouest qui nous entrave et pousse Ural à passer en troisième et à chalouper pour garder le cap ferme. Un seul salut, se caler à quelques mètres derrière un camion pour espérer tenir la quatrième et une vitesse de croisière de 70 km/h.
Une conduite peu enthousiasmante et musclée demandant une attention de tous les instants et qui ne nous autorise à parcourir au mieux que de 300 kilomètres dans la journée.
Les pauses décontractantes, nous les trouvons auprès :
-
de la police nationale (et oui), lors des contrôles de routine,
-
des motards ou motardes, tout fiers, qui en reviennent vent dans le dos, tout sourire,
-
de ceux qui y vont et grince des dents en faisant le plein aux stations d’essence ( + 30 % de consommation) mais se persuadent que cela en vaut la peine,
-
de nos bivouacs, comme à Choele Choel où hormis le fait que la route reste simple à tracer, tout droit, nous nous verrons offrir un gigot d’agneau grillé pour le repas du soir (et du lendemain puis surlendemain pour les non-argentins).
A Neuquen nous abandonnons enfin la ruta 22 pour piquer vers le Sud Ouest sur la 237.
Enfin une route qui renoue doucement avec les courbes,
un relief qui nous offre des paysages autres qu’un horizon désespérément rectiligne,
une vie de bord de route qui reprend, pour nos pauses et casse-croûtes du midi,
des rencontres avec des voyageurs de tous horizons (Angélica (mexicaine) et Maël (nantais) à bicyclette depuis 7 ans !)
Et là devant nous surgit d’un coup le lac Huapi annonçant notre destination.
Nous sommes à San Carlos de Bariloche aux pieds des Andes et aux portes de la Patagonie.
Un dépaysement total, fondue savoyarde,
ou chocolat artisanal,
dans ce village aux chalets alpins créé par des pionniers suisses.
Mais au carnaval somme toute très local.
Les pauvres jeunes femmes, il ne fait pas plus de 12 degrés, le public, lui peut se réconforter sous la doudoune.
Autre attraction à l’affiche, notre arrivée, mais comment savaient-ils que nous viendrions en 2019 ?
Bref nous y sommes pour préparer notre incursion en Patagonie jusqu’à El Calafate, sans pour autant négliger les attraits de la citée « para-helvétique » et de ses environs avec notamment le panorama du téléphérique du Serro Campanario.
Laisser un Commentaire